Doit-on s’inquiéter de la place grandissante accordée à l’IA dans le monde du travail ?
Selon nous, la réponse est clairement « Non ».
Alors que nous vivons des changements majeurs en termes d’automatisation, faut-il aiguiser davantage nos compétences interpersonnelles ? C’est un grand « Oui » !
L’intelligence artificielle transforme en profondeur la relation entre l’humain et la technologie, et elle est appelée à devenir un véritable « partenaire collaboratif » dans le monde professionnel.
De nombreuses hypothèses émergent sur la façon dont ses capacités analytiques pourraient se combiner avec la créativité et l’intelligence émotionnelle humaines. À mesure que les organisations, tous secteurs confondus, intègrent davantage l’automatisation, le développement des compétences techniques devient incontournable. Mais cette période, véritable carrefour, offre une opportunité exceptionnelle de se recentrer sur les compétences qui définissent notre humanité, tout en les perfectionnant et les développant.
L’IA, une opportunité pour analyser nos interactions au travail ?
Avec de tels changements en cours, c’est le moment idéal pour revoir nos interactions avec nos collègues et examiner de plus près ce que le travail d’équipe implique réellement.
Pourquoi ? Parce que, au fur et à mesure que l’automatisation améliore la rapidité, la précision, la cohérence, l'efficacité, les projections et la prise de décision, elle nous permet également de gagner du temps. Alors que certaines tâches répétitives, administratives et à faible valeur ajoutée disparaissent, nous pouvons désormais nous concentrer davantage sur les aspects proprement humains de la collaboration : créer des liens, faire preuve de créativité et innover.
Dans ce contexte, où les leaders recomposent les équipes et redéfinissent les rôles pour s’ajuster au paysage de l’IA, les avantages et l'importance de l'intelligence émotionnelle prennent une dimension cruciale.
Pour ces leaders, un double défi s’impose : veiller à ce que leurs équipes maîtrisent les compétences nécessaires pour travailler efficacement avec les systèmes d'IA, qu'ils soient traditionnels ou génératifs, tout en les préparant à de nouvelles formes de collaboration et en renforçant leurs compétences interpersonnelles.
En résumé, dans un monde sous IA, sur quels aspects les leaders et les individus doivent-ils désormais se concentrer ?
Comment diriger efficacement dans un monde sous IA ?
Les organisations qualifiaient autrefois ces compétences de « soft skills ». Aujourd’hui, elles les reconnaissent de plus en plus comme des « power skills », à juste titre.
Examinons ces « superpouvoirs » humains avec lesquels l'IA a du mal à rivaliser.
Ces compétences sont indispensables face aux bouleversements sociétaux actuels. En dépendant trop des machines, nous risquons de négliger nos capacités cognitives et d'omettre de renforcer notre intelligence émotionnelle, ce qui pourrait compromettre plusieurs aspects :
- La rétention des employés que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre
- L’émergence de talents prometteurs
- Le recrutement de futurs collègues qui nous maintiendront compétitifs
- Notre capacité, en tant que leaders et collègues, à faire face à des changements de grande envergure
- Notre sens du but et de l’identité
Il y a bien sûr des secteurs et des postes que l'IA ne peut pas remplacer
- Les soins de santé, la garde des enfants et des personnes âgées : nous aurons toujours besoin d'infirmières, de médecins, de thérapeutes
- L’éducation : nous aurons toujours besoin d'enseignants, d’éducateurs et de cadres scolaires
- La créativité : à quoi ressemblerait un monde sans musicien, sans artiste, écrivain ou journaliste engagé ?
- Les services personnels : l'IA ne peut pas remplacer les coiffeurs, les coachs personnels ou sportifs
- Les compétences interpersonnelles essentielles aux RH, aux relations publiques et à l’événementiel.
Les compétences humaines que l’IA ne peut pas remplacer
Il existe de nombreux domaines professionnels où les solutions automatisées ne pourront jamais se substituer à l’approche humaine. Pour chacun, il restera essentiel de posséder, d’enrichir et de développer les compétences suivantes :
- Capacité à inspirer les autres et à bien communiquer : les leaders doivent continuer à inspirer et diriger leurs équipes avec empathie, même lorsqu’une grande partie des tâches sont automatisées. Pour cela, ils ont besoin d’une véritable vision et doivent être capables d’emmener les gens avec eux. Il est aussi crucial d’apporter de la clarté (sur leurs rôles en mutation) et de la confiance (dans le fait qu'ils ont toujours un rôle important à jouer malgré ces grands changements).
- Empathie et collaboration : les leaders auront toujours besoin d’établir des relations à plusieurs niveaux, de comprendre des points de vue différents et de développer une forte conscience d’eux-mêmes pour travailler efficacement en équipe. Ils devront aussi faire preuve d’une excellente conscience de soi et du groupe pour aider les équipes à gérer les conflits et la pression. À cela s’ajoute que l’IA ne pourra jamais remplacer notre capacité à comprendre et analyser des enjeux éthiques ou personnels.
- Bien-être et sécurité psychologique : Pour assurer un climat serein, la confiance sera toujours un ingrédient humain déterminant. Les leaders devront toujours bénéficier d’une fine compréhension des besoins et attentes des membres de leur équipe. Cela implique d’avoir une appréciation personnelle des défis individuels auxquels ils peuvent être confrontés et de la manière dont la culture organisationnelle influence leur expérience au travail.
- Mentorat et coaching : ces compétences permettent d’harmoniser les équipes et de leur donner un but et une direction. L'IA a du mal à fournir des éléments contextualisés.
- Prise de décision nuancée : l’IA peut nous aider à cartographier les risques et les opportunités, mais elle ne peut pas rivaliser avec l’intuition humaine, la détection des signaux faibles, les analyses et le flair d’un leader expérimenté.
- Résolution de problèmes et pensée critique : Pas seulement des problèmes à un niveau micro - que les machines peuvent identifier grâce à de l’analyse de données - mais des problèmes qui nécessitent de faire appel à notre capacité de prévoyance stratégique et à nos compétences d’interprétation. En d'autres termes, une vue d'ensemble capable de relier des événements interconnectés et de prévoir leur évolution.
- Art de la persuasion et de la négociation : même si l’IA peut simuler différents scénarios de négociation, la mise en application pratique de ces approches reste une compétence humaine.
- Gestion des conflits : les leaders doivent savoir résoudre les disputes humaines en préservant l’harmonie de l’équipe. Cela exige des compétences d’écoute active et de diplomatie, et une compréhension plus approfondie non seulement de la conscience de soi, mais aussi de la conscience des autres. Pour un leader, il est nécessaire de comprendre les préférences comportementales et les styles de communication différents de chacun et de savoir comment les gérer.
- Un storytelling nuancé: l’IA est incapable de produire des récits captivants et des histoires qui résonnent avec notre condition humaine. Rebondissements ou aperçu de la psyché humaine restent l’apanage des humains. `
Zoom sur l’apprentissage et le développement
Réfléchir au leadership du futur ne se limite pas aux compétences individuelles. Il s'agit aussi de créer une culture organisationnelle qui privilégie l'apprentissage et le développement continus. Selon l’étude Leading in Learning de Deloitte, publiée en 2023, les entreprises ayant une forte culture de l'apprentissage ont 92 % plus de chances d'innover et sont 58 % mieux préparées à répondre à la demande future.
Nous sommes entrés de plain-pied dans une ère où il est nécessaire d'adapter rapidement nos méthodes d'apprentissage, alors que l'IA bouleverse notre façon de travailler. Cependant, apprendre à collaborer avec l’IA et à saisir son impact potentiel sur notre vie quotidienne, nos rôles et nos responsabilités n’est qu’une partie du défi.
En effet, il est tout aussi essentiel de perfectionner les domaines dans lesquels nous seuls, en tant qu’humains, pouvons exceller, tout en partageant nos connaissances avec notre entourage professionnel. Quelle que soit l’effervescence autour de l’IA, des qualités comme l’intégrité, la compassion et la sincérité resteront indispensables, en particulier dans les moments les plus difficiles de la vie.
Maximisons nos compétences humaines dans un environnement augmenté par l'IA
Introvertis ou extravertis, analytiques ou sensibles, nous avons tous à gagner à capitaliser sur ce qui fait de nous, des humains. Certes, l'IA va faciliter notre vie professionnelle, mais la plupart d'entre nous auront toujours besoin de s’épanouir au travers du travail en équipe.
C'est donc le moment idéal pour que les individus fassent le point sur leurs compétences interpersonnelles et les renforcent.
Après tout, que nous reste-t-il, en tant qu’humains, si nous abandonnons la communication en personne, sous prétexte que les machines peuvent désormais agir à notre place ?